Le PER, ou Plan d’Épargne Retraite, est un outil d’épargne de plus en plus plébiscité en France. Mais avant de vous lancer, il est essentiel de comprendre comment fonctionne la fiscalité du PER. Dès les premiers versements, jusqu’au moment de la retraite, le traitement fiscal peut influencer fortement vos choix. Dans cet article, nous allons vous expliquer simplement et concrètement les règles fiscales qui s’appliquent au PER, que vous soyez salarié, indépendant ou déjà à la retraite. Objectif : vous permettre de faire les bons choix, en toute connaissance de cause.
Fonctionnement du PER et cadre fiscal général du PER
Le PER a été conçu pour remplacer les anciens dispositifs d’épargne retraite (PERP, Madelin, article 83…) et les regrouper sous un cadre unique et plus souple. Il permet d’épargner pendant sa vie active afin de percevoir un complément de revenu à la retraite. Mais au-delà de son fonctionnement technique, c’est surtout son cadre fiscal qui en fait un outil stratégique.
Le PER individuel : une structure souple mais encadrée
Le PER individuel est ouvert à tous, sans restriction de statut professionnel. Il peut être alimenté par des versements volontaires, des transferts d’anciens contrats ou de l’épargne salariale. Chaque versement reste bloqué jusqu’à la retraite sauf cas exceptionnels (invalidité, décès du conjoint, achat de la résidence principale, etc…). Cette souplesse attire de nombreux épargnants mais nécessite une bonne compréhension de la fiscalité à chaque étape.
Le PER est divisé en trois compartiments distincts : les versements volontaires (compartiment 1), l’épargne salariale (compartiment 2) et les cotisations obligatoires (compartiment 3). Cette structure modulaire permet une gestion fine, mais elle complexifie également la fiscalité applicable selon l’origine des fonds. C’est pourquoi un accompagnement peut s’avérer utile pour ne pas perdre d’opportunités fiscales. Toutefois, si vous ouvre un PER à titre personnel, alors seul le compartiment 1 vous concerne.
Un produit d’épargne avec un double régime fiscal
Le principal intérêt du PER réside dans son régime fiscal différé. Les versements peuvent être déduits de vos revenus imposables, mais la sortie est, elle, imposée. Le PER fonctionne donc selon un principe de différé d’imposition, qui peut être très avantageux si vous êtes lourdement imposé aujourd’hui. Mais attention : cela suppose de bien anticiper votre taux d’imposition futur.
- Déductibilité immédiate des versements : baisse du revenu imposable
- Imposition des sorties : selon le mode choisi (capital ou rente)
- Choix du régime à l’entrée : déductible ou non, selon vos objectifs (bien que les versements non déductibles n’ont, à notre sens, peu d’intérêt…)
Fiscalité à l’entrée : les versements volontaires sur le PER
Lors de chaque versement sur votre PER, vous pouvez choisir de le déduire ou non de votre revenu imposable. Ce choix est crucial car il détermine le régime fiscal qui s’appliquera à la sortie. Il doit donc être fait en tenant compte de votre situation fiscale actuelle et de vos objectifs à long terme.
Déduction fiscale : un levier puissant pour les hauts revenus
Si vous êtes fortement imposé, la déduction des versements peut générer une économie immédiate significative. Par exemple, un versement de 5 000€ peut permettre une réduction d’impôt de 2 050 € pour un foyer imposé à 41 %. Le plafond annuel est égal à 10 % des revenus professionnels, avec un minimum de 4 399 € (pour 2024) et un maximum de 35 194 €. Ce plafond est mutualisable au sein du couple et peut être reporté sur trois ans.
Ce mécanisme rend le PER très attractif fiscalement, surtout pour les indépendants et les cadres. Mais attention à ne pas tomber dans le piège de la déduction systématique : si votre taux d’imposition à la retraite est similaire à celui d’aujourd’hui, le gain peut être nul.
Fiscalité à la sortie du PER
Lorsque vous prenez votre retraite, vous pouvez sortir votre PER sous forme de rente viagère, de capital ou un mix des deux. Chaque option a ses spécificités fiscales, qu’il convient d’anticiper dès l’ouverture du plan.
Sortie en capital : fiscalité selon le régime d’entrée
Si les versements ont été déduits, le capital retiré sera imposé au barème de l’impôt sur le revenu, et les gains réalisés à la flat tax (PFU de 30 %). Si les versements n’ont pas été déduits, seul le gain est soumis à cette taxation.
La sortie en capital permet une grande souplesse, notamment pour financer un projet personnel (immobilier, donation…) mais elle exige une anticipation fiscale fine. Il est souvent judicieux d’étaler les retraits sur plusieurs années pour lisser l’imposition, en mettant en place un rachat mensuel programmé par exemple.
Sortie en rente : un traitement fiscal plus rigide
La rente viagère issue d’un PER est imposée comme une pension de retraite classique. Elle est soumise à l’impôt sur le revenu après un abattement de 10 %, et supporte également les prélèvements sociaux (CSG, CRDS…). Cela peut représenter une ponction de 15 à 20 % selon les situations. Ce mode de sortie convient mieux à ceux qui recherchent un revenu régulier et sécurisé. Chez le Coin des Épargnants, nous pensons que rares sont les situations où la rente est à privilégier… Mieux vaut effectuer des rachats mensuels programmés pour lisser la fiscalité et vous sortir un revenu récurrent.
« Le choix entre rente et capital n’est pas qu’une question de confort : c’est un arbitrage fiscal de long terme. »
Optimiser la fiscalité de votre PER
Comprendre la fiscalité du PER ne suffit pas : encore faut-il savoir en tirer parti. Une bonne stratégie permet de maximiser l’effet levier fiscal et de préparer sereinement la retraite tout en réduisant la pression fiscale globale.
Adapter sa stratégie à son profil fiscal
Il est essentiel d’ajuster votre utilisation du PER à votre tranche marginale d’imposition (TMI). Si vous êtes dans une TMI élevée aujourd’hui et que vous anticipez une TMI faible à la retraite, la déduction est généralement intéressante. Dans le cas inverse, le PER n’est peut-être pas fait pour vous… Ce raisonnement s’applique aussi au choix du mode de sortie : capital ou rente.
Pensez également à intégrer le PER dans votre stratégie patrimoniale globale. Il peut être un outil de transmission efficace, ou un moyen de lisser votre fiscalité grâce à des retraits programmés.
Conclusion
Le PER est un outil fiscal puissant, à condition de bien comprendre ses règles. Versements déductibles ou non, sortie en capital ou en rente, anticipation du taux d’imposition… autant d’éléments qui influent sur votre stratégie. Pour en tirer le meilleur parti, il ne suffit pas d’ouvrir un PER : il faut l’adapter à votre vie.
FAQ
Le PER est-il toujours déductible des impôts ?
+Oui, les versements volontaires sur un PER sont en principe déductibles de votre revenu imposable dans la limite d’un plafond fiscal annuel. Vous pouvez aussi choisir de ne pas les déduire.
Comment fonctionne la fiscalité à la sortie du PER ?
+À la sortie, les sommes issues des versements volontaires sont imposées selon leur nature : capital ou rente. Le capital est soumis à la flat tax ou au barème, les rentes au régime des pensions.
Puis-je choisir librement la fiscalité du PER au moment du retrait ?
+Non, le mode d’imposition dépend du type de versements et du mode de sortie (capital ou rente). Vous pouvez toutefois optimiser votre stratégie en fonction de votre situation au moment de la souscription.
Quelle est la fiscalité en cas de décès avec un PER ?
+En cas de décès avant 70 ans, les capitaux du PER sont transmis hors succession dans la limite de 152 500€ par bénéficiaire. Après 70 ans, l’abattement est de 30 500€ pour l’ensemble des bénéficiaires.
Quels sont les pièges fiscaux à éviter avec un PER ?
+Le principal piège est de déduire à un taux marginal faible et sortir au barème élevé. Il faut donc anticiper votre tranche future d’imposition et éviter une sortie imposée lourdement en rente non optimisée.